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Crise de l’élevage Après la Grèce, il faut un « plan de désendettement » de l’élevage français

Stéphane Le Foll était convié au Sénat, pour une conférence consacrée aux difficultés de l'élevage français, en présence des responsables agricoles, des acteurs de la transformation et de la distribution. (©Sénat/Sonia Kerlidou)

Et si la France mettait en place un « plan de désendettement » massif de l’élevage français, comme l’a accepté l’Union européenne pour sauver la Grèce ? Lors d’une réunion extraordinaire du Sénat, Xavier Beulin, appuyé par Gérard Larcher, en a fait la demande.

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« La seule solution pour les éleveurs français est d’engager un plan de désendettement massif », a expliqué Xavier Beulin, jeudi 16 juillet 2015. Le président de la Fnsea participait, avec les représentants d’éleveurs, les patrons de grandes enseignes de la distribution, quelques représentants de la transformation et le ministre de l’Agriculture, à une conférence-débat au Sénat, présidée par son président Gérard Larcher suite à la sollicitation du leader de la Fnsea.

« Les paysans français ont du mal à comprendre qu’on puisse aider un pays entier comme la Grèce, sans qu’on vienne les aider en parallèle. » « Il y a nécessité, pour les éleveurs, d’organiser un véritable plan de désendettement », a appuyé le président du Sénat.

A court terme, la conférence n’apporte pas de solutions nouvelles aux difficultés des éleveurs. Les prises en charge de cotisations sociales et les reports d’échéances semblent les seules voies pour alléger les charges des exploitations. Sans oublier la question des prix. « Les accords doivent être respectés de manière concrète », a insisté Gérard Larcher. « Le ministre ne peut pas se contenter d'être le greffier d'un accord. Il doit s'assurer qu'il est respecté », lâche un sénateur.

Les paysans français ont du mal à comprendre qu’on puisse aider un pays entier comme la Grèce, sans qu’on vienne les aider en parallèle.

Le médiateur des relations commerciales doit d’ailleurs rendre ses conclusions suite à la sollicitation du ministre de l’Agriculture dans les prochaines heures. Une échéance qui a d’ailleurs justifié l’absence des transformateurs laitiers. Ni la Fnil ni les représentants de Lactalis pourtant conviés, n’ont participé au débat. De même que les représentants de la restauration hors foyer. « Nous avons des échanges réguliers avec eux, explique Xavier Beulin, pour que l’origine France soit davantage privilégiée. C’est d’ailleurs souvent de la responsabilité des élus. »

A moyen et long terme, les sénateurs de droite suggèrent un texte spécifique pour simplifier les normes auxquelles sont soumis les agriculteurs.

Des OP de deuxième génération

Les enseignes de la grande distribution, quant à elles, se disent favorables à la transparence totale sur les prix et les marges. « S'il y a des acteurs qui n'ont pas joué le jeu, ils doivent être publiquement dénoncés » a commenté Jacques Creyssel, délégué général de la Fcd (Fédération du commerce et de la distribution), qui a, au passage « condamné les atteintes aux magasins et à leur personnel ». Le représentant des Gms suggère d’organiser une contractualisation à plus long terme, avec tous les acteurs de la filière.

« Il faut une nouvelle approche de la contractualisation, a renchéri Gérard Larcher. Des organisations de producteurs de deuxième génération doivent être mises en place, intégrant le dernier maillon de la chaîne, les Gms. Il faut aussi y intégrer les coûts de production des agriculteurs.

Les sénateurs veulent que Stéphane Le Foll se tourne aussi vers l’UE. « Depuis 50 ans, les règles de la Pac et celles du droit de la concurrence ont du mal à cohabiter. » L’équilibre actuel est, depuis des décennies, favorable au consommateur. « Il faut remettre la Pac à zéro, ajoute Michel Raison, sénateur de la Haute-Saône. Il aurait fallu regarder ce que les Etats-Unis ont fait dans leur nouveau Farm Bill, et s’en inspirer pour proposer un meilleur cadre à nos agriculteurs. L’Europe doit notamment utiliser le cadre de l’aide alimentaire.»

En attendant, le président du Sénat appelle le ministre à mettre en place des opérations de dégagements de marché. « Je vais écrire dans ce sens à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne », explique Gérard Larcher.

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